James Gunn: «Je déteste la plupart des blockbusters»
INTERVIEW - Le réalisateur des Gardiens de la Galaxie entend bien se démarquer des films de super-héros traditionnels avec son space opera déjanté.James Gunn est le réalisateur de la superproduction Disney/Marvel Les Gardiens de la galaxie qui cartonne en ce moment au box-office américain et qui a fait une belle première journée en France. Pour ce cinéaste, plutôt connu pour ses films foutraques à petits budgets, se retrouver aux manettes d'une superproduction est une nouveauté. Il ne s'est toutefois pas totalement vendu au diable: son film déjanté tord le cou à tous les clichés du genre grâce à une bonne dose d'humour et des personnages attachants. D'ailleurs, James Gunn le dit lui-même: mis à part son petit faible pourThe Avengers , il n'aime pas les blockbusters.
Le Figaro. - Comment s'est passé le tournage?James Gunn. - On a dû apprendre sur la façon dont chacun travaillait, Chris Pratt, Zoe Saldana, Vin Diesel et moi. D'une certaine façon, nous sommes comme les «Gardiens». Je suis ce mec qui faisait des films à petit budget il y a quelques années (Horribilis en 2006, Super en 2010), Zoe était cette petite reine du Queens (quartier de New York), Chris était ce gars joufflu et David (Bautista), ce catcheur que personne ne prenait au sérieux. On s'identifie tous à l'idée qu'on est des marginaux, donc le fait de réaliser ce film en particulier, qui est au centre de toute l'attention, c'est une étrange expérience pour nous. Rien que l'année dernière, quand les gens ont vu une première séquence au Comic Con, c'était nouveau pour moi d'avoir autant d'yeux braqués sur moi.
Comment avez-vous fait pour imposer vos idées dans cet univers?Je voulais faire mon propre truc. J'ai ressenti de la liberté parce que d'habitude, quand je faisais des films, c'était dur de trouver le soutien dont j'avais besoin pour le marketing. Je suis reconnaissant envers Marvel car à chaque fois que je venais avec une proposition un peu folle, ils l'adoptaient et j'ai pu me faire plaisir. C'est bien plus confortable de travailler comme ça. J'étais enthousiaste, c'était prometteur.
J'aimais l'idée d'être capable de faire quelque chose qui soit en harmonie avec ce monde (des superproductions) et qui serait à la fois différent de celui-ci. Ce film est 100% moi. Le plus important, c'est que les gens tombent amoureux des personnages et ressentent quelque chose dans le processus. S'il rient, c'est encore mieux. C'est ce qui compte pour moi, le fait d'être complètement honnête avec moi-même en tant que réalisateur.
Est-ce une satire des blockbusters traditionnels?Ce n'est pas une satire, plutôt une réaction. Je ne me moque de personne, mais il est vrai que je déteste la plupart des bockbusters, vraiment. À part The Avengers, car ce sont des films faits avec du cœur, de l'esprit et de bons personnages. Mais la plupart des blockbusters sont soit une interminable débauche d'explosions et de scènes d'action avec des personnages bidons ou alors ils sont si sombres que c'est juste un écran de protection pour cacher le fait qu'il n'y a aucune émotion derrière. Je déteste ça. Je n'ai rien contre les films populaires ni les films chers, mais je ne veux pas faire quelque chose qui soit malhonnête.
Comment avez-vous réussi à introduire la comédie dans l'action?
Dans le passé j'ai fait des films comiques et je ne voulais pas déboussoler mon public donc c'était assez naturel pour moi de trouver l'équilibre entre l'action et la comédie. C'est arrivé spontanément, tout vient des personnages, de ce qui m'émeut ou me faire rire. Je les laisse jouer et interagir entre eux et on voit ce qui se passe. J'ai toujours voulu faire de l'action sans en avoir été capable financièrement. Quand j'ai fait les premières scènes, c'était super. Avoir tant de personnages et de péripéties, devoir transmettre toutes les informations et faire que les gens s'amusent en même temps, c'était ce qu'il y avait de plus difficile à faire.
Source Le Figaro