Je continue mes petits entretiens qui s’étendent non plus aux seuls dessinateurs, peintres ou sculpteurs… J’ai demandé à Redwing s’il était d’accord pour un petit entretien, gentillement il a accepté, et ça m'a fait bien plaisir !! J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire cet entretien, que moi à le réaliser... . Installez-vous ça commence.
Bran : Bonjour Redwing. cela fait un petit moment que l’envie de d’interviewer me titillait, je saute donc le pas et je te pose les deux questions habituelles : peux –tu te présenter et nous expliquer le choix de ton pseudo.
Redwing : Ben moi c’est Alain surnommé ‘gamin’ malgré mes presque 43 ans...bien qu’issu d’une famille modeste, j’ai été sensibilisé à l’art relativement tôt via des séjours en Italie et au fait que mon père a une formation de dessinateur et a peint durant des années. Cinéphile, j’apprécie aussi le sport, la montagne, la boxe, le dépassement de soi...collectionneur dans l’âme, j’aime la résine Bowen et les indiens de chez Castagna. Jim Lee aussi
Le choix du pseudo est simple puisqu’il s’agit du nom anglais du compagnon ailé de l'un de mes personnages favoris, le Faucon. J’adore l’idée assez magique qu’un être humain puisse entretenir un lien télépathique avec un oiseau, en l’occurrence un rapace. Ce pseudo a aussi une petite connotation ‘amérindienne’ (Aile Rouge) et je suis un vrai passionné de cette culture, de ce peuple, depuis mon enfance...
Comment t’es venue la passion des comics ?
Cela a commencé en 1979 avec le ‘Spécial Strange’ n° 17 et l’album Aredit/Artima Color de ‘Captain America’ intitulé' ‘L’Ombre de Spider-Man’...avec le premier, j’ai y découvert ‘Wolverine’ (dont je suis un grand fan également et qui a longtemps eu la ‘pole position’ avec Black Panther, ça dépend du moment) et avec le second, ‘Le Faucon’. C’est deux personnages m’ont toujours accompagné malgré deux breaks de plusieurs années dont le dernier pour me consacrer pleinement à la photographie il y a 8 ans. Ce qui est plutôt bizarre, c’est que j’ignore encore qui avait acheté ces deux comics...leur lecture m’avait énormément plu mais le réel déclic d’achat s’effectuera en ‘81 après avoir dévoré la reliure n° 7 de ‘Spidey’, offerte par ma grand-mère.
A partir de là, avec mon frangin, durant environ 10 ans nous avons quasiment acheté tout ce qui sortait et nous nous sommes procurés beaucoup de numéros antérieurs des différents titres de l’époque, soit en les commandant, soit dans les bouquineries. Je garde de cette période des souvenirs de lecture très forts, notamment avec les albums Artima de ‘Conan’ comme ‘La Secte du Serpent’ jusqu’à ‘L’appel de la Bête’ en passant par la mort de Bêlit...
Tu es arrivé depuis peu sur le forum et tu as lu énormément de sujets. Cette démarche n’est pas courante. J’ai l’impression que cela montre un réel intérêt de te tenir au courant de ce qui c’est fait et dit avant ta venue, et sans doute aussi, une recherche afin de savoir si le forum te convient ou pas. Peux-tu nous expliquer ta démarche ?
Oui, c’est un peu tout ça...même si j’ai trouvé ce forum très agréable dès l’instant où j’y ai mis les ‘pieds’. Après, il clair que j’avais fait une parenthèse sur l’univers du comics depuis 2005 donc j’avais beaucoup à ‘rattraper’...mais plus encore, c’était de participer et surtout l’envie de découvrir le travail de peintres, de sculpteurs ancrés sur ce forum. Je suis plutôt du genre ‘boulimique’ lorsque je m’intéresse à quelque chose...
il me faut intégrer qui est qui, ce qu’il fait (dans le sens peintre, sculpteur, collectionneur ou simple passionné), son approche etc. etc. Bref, les ressentis divers m’intéressent et j’aime bien coller une personnalité sur un simple avatar. Donc ma démarche première se situerait dans l’échange et la curiosité qui me pique souvent le bout du nez.
La fréquentation du forum t’a-t-il donné des idées de collectionner différemment ? Par exemple, il y a de plus en plus de collectionneurs qui se tournent vers les planches originales, qu’en penses-tu ? Tu comptes t’y mettre ou tu as déjà sauté le pas ?
Différemment non. Des idées, oui. Notamment sur le choix d’un meuble. Ce que je dois surtout à la fréquentation de ce forum, c’est le réveil de cette passion...que ce soit au niveau lecture de comics ou à l’acte direct de collectionner à nouveau. Je rachète du cartonné, relis des trucs que je n’avais pas lus depuis 10 ans et me suis même pris au ‘jeu’ de commander une commission sur un gros coup cœur !
J’ai d’ailleurs encore du mal à y croire ! En revanche, même si j’ai un grand respect pour les collectionneurs de planches originales, ce n’est pas mon truc dans le sens où j’aime exposer ce que je collectionne. En profiter au quotidien...et la place fait souvent défaut. Je n’ai d’ailleurs que deux pièces pour cela, mon bureau et, j’ose à peine le dire, mes...toilettes.
Comptes-tu demander à un membre une sculpture particulière ou une peinture de kit / un repaint de statue ?
Oui. Cela dit, je préfère rester discret sur le sujet...car ma démarche est un peu singulière dans le sens où il faut que j’apprécie l’œuvre de l’artiste mais aussi que je ressente un certain feeling. Une fois le courant passé, même si cela peut être très discret, la carte blanche lui est totalement laissée ! C’est son œuvre et non la mienne. Si je le choisis c’est pour avoir sa vision, son style...
J’en viens maintenant à ton métier. Je suis très intéressé par la photo et je me suis souvent demandé comment on devient photographe. Je pense que pas mal de forumers se posent la même question. Peux-tu nous dire comment ça c’est passé pour toi ?
Cela risque de sembler un peu long et un peu ‘sentimental’ aussi mais bon...il s’avère qu’en 2003, j’en étais arrivé à un moment de ma vie où, après l’ascension d’un sommet (un 6000), j’ai eu un gros passage à vide...j’avais déjà pas mal voyagé mais je ne partageais rien. Rien de moi. Du moins, pas comme je l’aurais souhaité, à savoir livrer aux gens que j’aime, ou à ceux que je rencontrais, une petite part de ce que je pouvais ressentir. Cela paraîtra prétentieux pour certains, mais en réalité, je me cherchais et cherchais surtout un moyen pour m’exprimer.
Donc bref, deux ans plus tard, un soir où je roulais sur une minuscule route de Camargue, j’ai vu un héron cendré au bord d’un étang...la proximité était assez incroyable et j’ai eu une sorte de déclic qui m’a redonné l’envie de ‘voir’. Ce déclic m’a servi, en quelque sorte, de défi dans la mesure où, je redécouvrais ma région après des années passées en ville : il fallait que j’arrive à mettre cet oiseau dans la ‘boîte’. De ce moment fugitif, tout s’est enchaîné...je ne vivais que pour la Nature et la photo. Absolument tout mon temps libre y passait ! J’aillais avoir 35 ans mais pour moi c’était une révélation et un fusionnement entre la photo que je pratiquais en dilettante et mon amour pour les animaux ! Sauf que là, ça devenait obsessionnel. Pas à pas, j’ai progressé techniquement et en connaissances ‘terrain’...
je potassais les guides d’ornithologie, observais aux jumelles...puis, j’ai remporté quelques prix dans des concours, démarché au culot et fait des rencontres intéressantes. Pour le reste, c’est juste un n° de SIRET !
Un shooting, lorsqu’on est pro, ne doit pas se passer à la légère, j’imagine que la préparation du sujet et du voyage, ainsi que du matériel doit être pointilleuse…. Comment se passe cette phase primordiale ?
En réalité, un photographe (sauf de très, très rares exceptions) se paye tout. Après, il choisit un lieu, un sujet, en élabore un reportage et le vend. Ou pas. En ce qui me concerne, pour un voyage, c’est à l’envie, au coup de cœur pour une voire plusieurs espèces que je souhaite photographier.
Un animal c’est une rencontre et il ne faut pas passer à côté. Dans ce sens, le matériel a effectivement son importance. Bien le connaître aussi. La préparation d’un voyage n’est jamais la même car il arrive de dormir chez l’habitant, d’avoir des contacts et parfois aucun et de passer ses nuits en tente. De façon générale, j’entoure des points précis sur une carte en me calant par rapport à la durée du séjour.
Une fois parti, tu as en quelque sorte une obligation de résultats. Je t’imagine mal revenir d’un voyage long et couteux sans une photo. Comment fais-tu pour minimiser les risques de revenir « bredouille »
Non, je déteste être ‘obligé’. Je ne fais que ce que je ressens en essayant de saisir au mieux les opportunités qui se présentent...donc le facteur ‘chance’ a une importance non négligeable. On dira que plus tu multiplies les périples/sorties, plus tu as des chances de tomber sur une scène inattendue ou une lumière transcendante. Après, la chance, elle se provoque, il faut aller la titiller...mais revenir “bredouille” m’arrive régulièrement. Du moins sur des sorties journalières...sur des voyages à l’étranger, tu finis toujours par te rabattre sur quelque chose...en Thaïlande, je voulais absolument rapporter un reportage sur les différentes espèces de calaos et suis revenu avec un sur le macaque crabier !
Je pense que tu as du faire plusieurs rencontres particulières dans ton travail. Quel est ton meilleur souvenir?
Rencontrer un animal sauvage dans son élément peut te faire songer à toucher du doigt l’essentiel. Il n’y a plus de barrière et ça laisse sur toi une empreinte indélébile. Comme d’infimes parcelles de ‘La Beauté du Monde’ (au passage, un livre que conseille) qui t’éclairent durant ta vie.
Plus que de ‘meilleur souvenir’, je dirais plusieurs fragments de sérénité, d’ambiances contemplatives...le soleil qui s’allume après une averses sur les plateaux du Dovrefjell en Norvège, échanger, non loin de la frontière Birmane, des sifflements jusqu’à presque le toucher avec ce joli oiseau qu’est le Shama, au Sénégal, à la pointe du jour, approcher en pirogue dans les bras du Lampsar le fabuleux balbuzard pêcheur, croiser le regard de l’ours en Finlande ou celui noir et plein de mystère de la chouette de l’Oural.
A cela, je peux rajouter mes escapades canadiennes sur la piste de l’orignal ou toutes les danses amoureuses effectuées par le peuple ailé non loin de chez moi. Et bien d’autres choses encore...
Ton matériel doit répondre à pas mal de critères, car la photo de reportage n’est pas de tout repos… Comment gères-tu le poids, l’encombrement, la pluie, la poussière ?…Quel matériel utilises-tu justement et pourquoi ?
Il est clair que le poids du matos devient rapidement le plus contraignant et le plus délicat à gérer. Par exemple, le choix du poids sur mon 500 mm a été plus déterminant que son prix surtout dans la mesure où je fais tout à main levée et pas mal de sorties en montagne également. Mon matériel correspond à mon utilisation en milieu naturel et, par conséquence, elle est assez large...à savoir qu’il y a une optique pour les insectes, une ou deux pour le paysage, plus des longues focales pour les oiseaux ou les mammifères...la plupart du temps, je fais en sorte d’essayer une optique avant de l’acheter. Par ex, en macro, l’optique 150 mm 2.8 de Sigma m’allait mieux que les optiques de chez Canon.
Le choix du matériel doit aussi se faire sur le côté intuitif, la prise en main du reflex, son ergonomie, son menu, l’emplacement des touches etc. En cela, les boîtiers Canon me vont bien. Concernant les intempéries, j’avoue ne pas trop y attacher d’importance dans le sens où un reflex reste un ‘outil’, onéreux certes, mais un ‘outil’ quand même. Il vit au rythme de son utilisateur.
Y-a-il un boitier en particulier qui te fais de l’œil ? Un objectif ? Un zoom ? Comment imagines-tu ton futur boitier ? Que manque-t-il au tien pour te satisfaire pleinement ?
Je ne suis pas très difficile sur le boîtier. Davantage sur les optiques. Cela dit, je viens de remplacer mon 50D vieillissant par un 7D. Je n’ai pas besoin de plus et la surenchère aux millions de pixels ne m’intéresse pas. Je m’intéresse davantage à la bonne qualité d’une optique, sa luminosité, son piqué...
Quel conseils donnerais-tu à un amateur qui voudrais sinon devenir photographe, du moins progresser dans ce domaine.
Être patient, attentif et assidu. Et, comme on dit, ‘100 fois sur le métier remettre son ouvrage’ ! Ne pas s’offusquer des critiques, en prendre considération mais suivre son propre chemin en écoutant sa propre sensibilité. En revanche, pour affirmer ses ressentis et donc ses choix artistiques, il faut que la technique soit imparable. Sinon c’est beaucoup plus compliqué...
c'est pour cela qu’il faut débuter avec des choses ‘simples’ dans un environnement plus ou moins familier.
Un dernier conseil pour bien prendre en photo ses résines ?
Tout d’abord d’éviter le flash frontal et d’opter soit pour une source de lumière naturelle plutôt douce soit une lumière artificielle déportée (softbox par ex mais on peut aussi faire des trucs sympas en positionnant de petits diffuseurs ou de simples lampes de chevet). Après, au-delà de varier les angles de pdv, il faut essayer que le fond soit suffisamment dilué, harmonieux voire uniforme pour mettre bien avant la résine et donc trouver le bon équilibre par rapport à son optique (ouverture), à la configuration du lieu et à son propre positionnement. Car une très grande ouverture peut se révéler primordiale pour le fond mais pénalisante pour l’ensemble de la netteté sur la statue. Mais il y a deux ou trois membres de ce forum qui se débrouillent déjà très bien...
Que penses-tu des forums sur la photo, où on lit souvent des tonnes de discussions sur le bien fondé de tel ou tel boitier, où les tests sont décortiqués, épluchés et les photos présentées…comment dire ? Pas toujours au « niveau » du matériel….
C’est marrant ce que tu dis là car c’est effectivement la réalité...et c’est pour cela que j’ai, entre autre, déserté les forums ‘photo’...certains y parlent tellement de leur matos ou de leurs tests qu’ils en oublient de faire des images ! Voir si il y a un décalage de map d’un poil de cul de mouche ne m’a jamais fait triper !
La photo n’est pas une science exacte surtout lorsqu’il y a du mouvement ou des conditions difficiles. Je n’apprécie en la technique uniquement la facilité qu’elle peut m’apporter à connaître parfaitement mon matériel. Dans le feu de l’action, j’y fais complètement abstraction pour me consacrer uniquement sur le sujet. C’est déjà assez compliqué comme ça d’avoir de bonnes conditions de lumière, d’approche, alors si en plus, il fallait patauger avec les réglages cela se révèlerait impossible.
Donc oui, la technique devient forcément un passage obligé lors de l’apprentissage, après on l’oublie, du moins tout se fait naturellement, de manière instinctive. Le ‘problème’ aujourd’hui c’est que tout le monde possède un appareil et qu’une majorité s’improvise photographe en restant sur le mode automatique ! Et si les photos ne sont pas bonnes, c’est de la faute du matos pas la leur.
Il me semble, qu’au delà de cet aspect là, il faut aussi avoir un minimum de fibre artistique tout en étant objectif sur ce que l’on produit. Il y a rarement de mauvais boîtiers, beaucoup plus de mauvais photographes.
Pour finir, je te propose une sorte de portrait chinois, avec ces quelques questions. Si tu étais ...
Un film ?
Danse Avec Les Loups
Une couleur ?
Noir (pas une couleur) donc le vert
Un style de musique ?
Rock
Un livre ?
‘Le Royaume du Nord’ de Bernard Clavel
Une qualité ?
Passionné
Un défaut ?
Têtu
Un super-héros ?
Le Faucon
Un dessinateur/ peintre?
Dell’Otto...et mes parents...
Une époque ?
Une période, celle de la ruée vers l’or
Un animal ?
Le lynx
Un pays ?
Le Canada
Un photographe ?
Vincent Munier
Merci pour cet entretien Alain, un dernier petit mot pour la fin ?
Merci à toi Bruno, à l’ensemble de l’équipe de ce très beau forum et à ceux qui le font vivre...merci à vous tous d’avoir ravivé cette passion.
Bran : Bonjour Redwing. cela fait un petit moment que l’envie de d’interviewer me titillait, je saute donc le pas et je te pose les deux questions habituelles : peux –tu te présenter et nous expliquer le choix de ton pseudo.
Redwing : Ben moi c’est Alain surnommé ‘gamin’ malgré mes presque 43 ans...bien qu’issu d’une famille modeste, j’ai été sensibilisé à l’art relativement tôt via des séjours en Italie et au fait que mon père a une formation de dessinateur et a peint durant des années. Cinéphile, j’apprécie aussi le sport, la montagne, la boxe, le dépassement de soi...collectionneur dans l’âme, j’aime la résine Bowen et les indiens de chez Castagna. Jim Lee aussi
Le choix du pseudo est simple puisqu’il s’agit du nom anglais du compagnon ailé de l'un de mes personnages favoris, le Faucon. J’adore l’idée assez magique qu’un être humain puisse entretenir un lien télépathique avec un oiseau, en l’occurrence un rapace. Ce pseudo a aussi une petite connotation ‘amérindienne’ (Aile Rouge) et je suis un vrai passionné de cette culture, de ce peuple, depuis mon enfance...
Comment t’es venue la passion des comics ?
Cela a commencé en 1979 avec le ‘Spécial Strange’ n° 17 et l’album Aredit/Artima Color de ‘Captain America’ intitulé' ‘L’Ombre de Spider-Man’...avec le premier, j’ai y découvert ‘Wolverine’ (dont je suis un grand fan également et qui a longtemps eu la ‘pole position’ avec Black Panther, ça dépend du moment) et avec le second, ‘Le Faucon’. C’est deux personnages m’ont toujours accompagné malgré deux breaks de plusieurs années dont le dernier pour me consacrer pleinement à la photographie il y a 8 ans. Ce qui est plutôt bizarre, c’est que j’ignore encore qui avait acheté ces deux comics...leur lecture m’avait énormément plu mais le réel déclic d’achat s’effectuera en ‘81 après avoir dévoré la reliure n° 7 de ‘Spidey’, offerte par ma grand-mère.
A partir de là, avec mon frangin, durant environ 10 ans nous avons quasiment acheté tout ce qui sortait et nous nous sommes procurés beaucoup de numéros antérieurs des différents titres de l’époque, soit en les commandant, soit dans les bouquineries. Je garde de cette période des souvenirs de lecture très forts, notamment avec les albums Artima de ‘Conan’ comme ‘La Secte du Serpent’ jusqu’à ‘L’appel de la Bête’ en passant par la mort de Bêlit...
Tu es arrivé depuis peu sur le forum et tu as lu énormément de sujets. Cette démarche n’est pas courante. J’ai l’impression que cela montre un réel intérêt de te tenir au courant de ce qui c’est fait et dit avant ta venue, et sans doute aussi, une recherche afin de savoir si le forum te convient ou pas. Peux-tu nous expliquer ta démarche ?
Oui, c’est un peu tout ça...même si j’ai trouvé ce forum très agréable dès l’instant où j’y ai mis les ‘pieds’. Après, il clair que j’avais fait une parenthèse sur l’univers du comics depuis 2005 donc j’avais beaucoup à ‘rattraper’...mais plus encore, c’était de participer et surtout l’envie de découvrir le travail de peintres, de sculpteurs ancrés sur ce forum. Je suis plutôt du genre ‘boulimique’ lorsque je m’intéresse à quelque chose...
il me faut intégrer qui est qui, ce qu’il fait (dans le sens peintre, sculpteur, collectionneur ou simple passionné), son approche etc. etc. Bref, les ressentis divers m’intéressent et j’aime bien coller une personnalité sur un simple avatar. Donc ma démarche première se situerait dans l’échange et la curiosité qui me pique souvent le bout du nez.
La fréquentation du forum t’a-t-il donné des idées de collectionner différemment ? Par exemple, il y a de plus en plus de collectionneurs qui se tournent vers les planches originales, qu’en penses-tu ? Tu comptes t’y mettre ou tu as déjà sauté le pas ?
Différemment non. Des idées, oui. Notamment sur le choix d’un meuble. Ce que je dois surtout à la fréquentation de ce forum, c’est le réveil de cette passion...que ce soit au niveau lecture de comics ou à l’acte direct de collectionner à nouveau. Je rachète du cartonné, relis des trucs que je n’avais pas lus depuis 10 ans et me suis même pris au ‘jeu’ de commander une commission sur un gros coup cœur !
J’ai d’ailleurs encore du mal à y croire ! En revanche, même si j’ai un grand respect pour les collectionneurs de planches originales, ce n’est pas mon truc dans le sens où j’aime exposer ce que je collectionne. En profiter au quotidien...et la place fait souvent défaut. Je n’ai d’ailleurs que deux pièces pour cela, mon bureau et, j’ose à peine le dire, mes...toilettes.
Comptes-tu demander à un membre une sculpture particulière ou une peinture de kit / un repaint de statue ?
Oui. Cela dit, je préfère rester discret sur le sujet...car ma démarche est un peu singulière dans le sens où il faut que j’apprécie l’œuvre de l’artiste mais aussi que je ressente un certain feeling. Une fois le courant passé, même si cela peut être très discret, la carte blanche lui est totalement laissée ! C’est son œuvre et non la mienne. Si je le choisis c’est pour avoir sa vision, son style...
J’en viens maintenant à ton métier. Je suis très intéressé par la photo et je me suis souvent demandé comment on devient photographe. Je pense que pas mal de forumers se posent la même question. Peux-tu nous dire comment ça c’est passé pour toi ?
Cela risque de sembler un peu long et un peu ‘sentimental’ aussi mais bon...il s’avère qu’en 2003, j’en étais arrivé à un moment de ma vie où, après l’ascension d’un sommet (un 6000), j’ai eu un gros passage à vide...j’avais déjà pas mal voyagé mais je ne partageais rien. Rien de moi. Du moins, pas comme je l’aurais souhaité, à savoir livrer aux gens que j’aime, ou à ceux que je rencontrais, une petite part de ce que je pouvais ressentir. Cela paraîtra prétentieux pour certains, mais en réalité, je me cherchais et cherchais surtout un moyen pour m’exprimer.
Donc bref, deux ans plus tard, un soir où je roulais sur une minuscule route de Camargue, j’ai vu un héron cendré au bord d’un étang...la proximité était assez incroyable et j’ai eu une sorte de déclic qui m’a redonné l’envie de ‘voir’. Ce déclic m’a servi, en quelque sorte, de défi dans la mesure où, je redécouvrais ma région après des années passées en ville : il fallait que j’arrive à mettre cet oiseau dans la ‘boîte’. De ce moment fugitif, tout s’est enchaîné...je ne vivais que pour la Nature et la photo. Absolument tout mon temps libre y passait ! J’aillais avoir 35 ans mais pour moi c’était une révélation et un fusionnement entre la photo que je pratiquais en dilettante et mon amour pour les animaux ! Sauf que là, ça devenait obsessionnel. Pas à pas, j’ai progressé techniquement et en connaissances ‘terrain’...
je potassais les guides d’ornithologie, observais aux jumelles...puis, j’ai remporté quelques prix dans des concours, démarché au culot et fait des rencontres intéressantes. Pour le reste, c’est juste un n° de SIRET !
Un shooting, lorsqu’on est pro, ne doit pas se passer à la légère, j’imagine que la préparation du sujet et du voyage, ainsi que du matériel doit être pointilleuse…. Comment se passe cette phase primordiale ?
En réalité, un photographe (sauf de très, très rares exceptions) se paye tout. Après, il choisit un lieu, un sujet, en élabore un reportage et le vend. Ou pas. En ce qui me concerne, pour un voyage, c’est à l’envie, au coup de cœur pour une voire plusieurs espèces que je souhaite photographier.
Un animal c’est une rencontre et il ne faut pas passer à côté. Dans ce sens, le matériel a effectivement son importance. Bien le connaître aussi. La préparation d’un voyage n’est jamais la même car il arrive de dormir chez l’habitant, d’avoir des contacts et parfois aucun et de passer ses nuits en tente. De façon générale, j’entoure des points précis sur une carte en me calant par rapport à la durée du séjour.
Une fois parti, tu as en quelque sorte une obligation de résultats. Je t’imagine mal revenir d’un voyage long et couteux sans une photo. Comment fais-tu pour minimiser les risques de revenir « bredouille »
Non, je déteste être ‘obligé’. Je ne fais que ce que je ressens en essayant de saisir au mieux les opportunités qui se présentent...donc le facteur ‘chance’ a une importance non négligeable. On dira que plus tu multiplies les périples/sorties, plus tu as des chances de tomber sur une scène inattendue ou une lumière transcendante. Après, la chance, elle se provoque, il faut aller la titiller...mais revenir “bredouille” m’arrive régulièrement. Du moins sur des sorties journalières...sur des voyages à l’étranger, tu finis toujours par te rabattre sur quelque chose...en Thaïlande, je voulais absolument rapporter un reportage sur les différentes espèces de calaos et suis revenu avec un sur le macaque crabier !
Je pense que tu as du faire plusieurs rencontres particulières dans ton travail. Quel est ton meilleur souvenir?
Rencontrer un animal sauvage dans son élément peut te faire songer à toucher du doigt l’essentiel. Il n’y a plus de barrière et ça laisse sur toi une empreinte indélébile. Comme d’infimes parcelles de ‘La Beauté du Monde’ (au passage, un livre que conseille) qui t’éclairent durant ta vie.
Plus que de ‘meilleur souvenir’, je dirais plusieurs fragments de sérénité, d’ambiances contemplatives...le soleil qui s’allume après une averses sur les plateaux du Dovrefjell en Norvège, échanger, non loin de la frontière Birmane, des sifflements jusqu’à presque le toucher avec ce joli oiseau qu’est le Shama, au Sénégal, à la pointe du jour, approcher en pirogue dans les bras du Lampsar le fabuleux balbuzard pêcheur, croiser le regard de l’ours en Finlande ou celui noir et plein de mystère de la chouette de l’Oural.
A cela, je peux rajouter mes escapades canadiennes sur la piste de l’orignal ou toutes les danses amoureuses effectuées par le peuple ailé non loin de chez moi. Et bien d’autres choses encore...
Ton matériel doit répondre à pas mal de critères, car la photo de reportage n’est pas de tout repos… Comment gères-tu le poids, l’encombrement, la pluie, la poussière ?…Quel matériel utilises-tu justement et pourquoi ?
Il est clair que le poids du matos devient rapidement le plus contraignant et le plus délicat à gérer. Par exemple, le choix du poids sur mon 500 mm a été plus déterminant que son prix surtout dans la mesure où je fais tout à main levée et pas mal de sorties en montagne également. Mon matériel correspond à mon utilisation en milieu naturel et, par conséquence, elle est assez large...à savoir qu’il y a une optique pour les insectes, une ou deux pour le paysage, plus des longues focales pour les oiseaux ou les mammifères...la plupart du temps, je fais en sorte d’essayer une optique avant de l’acheter. Par ex, en macro, l’optique 150 mm 2.8 de Sigma m’allait mieux que les optiques de chez Canon.
Le choix du matériel doit aussi se faire sur le côté intuitif, la prise en main du reflex, son ergonomie, son menu, l’emplacement des touches etc. En cela, les boîtiers Canon me vont bien. Concernant les intempéries, j’avoue ne pas trop y attacher d’importance dans le sens où un reflex reste un ‘outil’, onéreux certes, mais un ‘outil’ quand même. Il vit au rythme de son utilisateur.
Y-a-il un boitier en particulier qui te fais de l’œil ? Un objectif ? Un zoom ? Comment imagines-tu ton futur boitier ? Que manque-t-il au tien pour te satisfaire pleinement ?
Je ne suis pas très difficile sur le boîtier. Davantage sur les optiques. Cela dit, je viens de remplacer mon 50D vieillissant par un 7D. Je n’ai pas besoin de plus et la surenchère aux millions de pixels ne m’intéresse pas. Je m’intéresse davantage à la bonne qualité d’une optique, sa luminosité, son piqué...
Quel conseils donnerais-tu à un amateur qui voudrais sinon devenir photographe, du moins progresser dans ce domaine.
Être patient, attentif et assidu. Et, comme on dit, ‘100 fois sur le métier remettre son ouvrage’ ! Ne pas s’offusquer des critiques, en prendre considération mais suivre son propre chemin en écoutant sa propre sensibilité. En revanche, pour affirmer ses ressentis et donc ses choix artistiques, il faut que la technique soit imparable. Sinon c’est beaucoup plus compliqué...
c'est pour cela qu’il faut débuter avec des choses ‘simples’ dans un environnement plus ou moins familier.
Un dernier conseil pour bien prendre en photo ses résines ?
Tout d’abord d’éviter le flash frontal et d’opter soit pour une source de lumière naturelle plutôt douce soit une lumière artificielle déportée (softbox par ex mais on peut aussi faire des trucs sympas en positionnant de petits diffuseurs ou de simples lampes de chevet). Après, au-delà de varier les angles de pdv, il faut essayer que le fond soit suffisamment dilué, harmonieux voire uniforme pour mettre bien avant la résine et donc trouver le bon équilibre par rapport à son optique (ouverture), à la configuration du lieu et à son propre positionnement. Car une très grande ouverture peut se révéler primordiale pour le fond mais pénalisante pour l’ensemble de la netteté sur la statue. Mais il y a deux ou trois membres de ce forum qui se débrouillent déjà très bien...
Que penses-tu des forums sur la photo, où on lit souvent des tonnes de discussions sur le bien fondé de tel ou tel boitier, où les tests sont décortiqués, épluchés et les photos présentées…comment dire ? Pas toujours au « niveau » du matériel….
C’est marrant ce que tu dis là car c’est effectivement la réalité...et c’est pour cela que j’ai, entre autre, déserté les forums ‘photo’...certains y parlent tellement de leur matos ou de leurs tests qu’ils en oublient de faire des images ! Voir si il y a un décalage de map d’un poil de cul de mouche ne m’a jamais fait triper !
La photo n’est pas une science exacte surtout lorsqu’il y a du mouvement ou des conditions difficiles. Je n’apprécie en la technique uniquement la facilité qu’elle peut m’apporter à connaître parfaitement mon matériel. Dans le feu de l’action, j’y fais complètement abstraction pour me consacrer uniquement sur le sujet. C’est déjà assez compliqué comme ça d’avoir de bonnes conditions de lumière, d’approche, alors si en plus, il fallait patauger avec les réglages cela se révèlerait impossible.
Donc oui, la technique devient forcément un passage obligé lors de l’apprentissage, après on l’oublie, du moins tout se fait naturellement, de manière instinctive. Le ‘problème’ aujourd’hui c’est que tout le monde possède un appareil et qu’une majorité s’improvise photographe en restant sur le mode automatique ! Et si les photos ne sont pas bonnes, c’est de la faute du matos pas la leur.
Il me semble, qu’au delà de cet aspect là, il faut aussi avoir un minimum de fibre artistique tout en étant objectif sur ce que l’on produit. Il y a rarement de mauvais boîtiers, beaucoup plus de mauvais photographes.
Pour finir, je te propose une sorte de portrait chinois, avec ces quelques questions. Si tu étais ...
Un film ?
Danse Avec Les Loups
Une couleur ?
Noir (pas une couleur) donc le vert
Un style de musique ?
Rock
Un livre ?
‘Le Royaume du Nord’ de Bernard Clavel
Une qualité ?
Passionné
Un défaut ?
Têtu
Un super-héros ?
Le Faucon
Un dessinateur/ peintre?
Dell’Otto...et mes parents...
Une époque ?
Une période, celle de la ruée vers l’or
Un animal ?
Le lynx
Un pays ?
Le Canada
Un photographe ?
Vincent Munier
Merci pour cet entretien Alain, un dernier petit mot pour la fin ?
Merci à toi Bruno, à l’ensemble de l’équipe de ce très beau forum et à ceux qui le font vivre...merci à vous tous d’avoir ravivé cette passion.
Dernière édition par Bran le Mer 08 Oct 2014, 08:47, édité 4 fois