Une nouvelle fois chassé d'Égypte. Le pays a interdit la diffusion du film Exodus: Gods and Kings car la fresque biblique sur l'exode des Hébreux, emmenés par Moïse, "falsifie" l'Histoire, a affirmé vendredi 26 décembre le ministre de la Culture.
"Ce film est un film sioniste par excellence," a affirmé à l'AFP Gaber Asfour. "Il présente l'Histoire d'un point de vue sioniste et contient une falsification des faits historiques," a-t-il ajouté.
Le réalisateur britannique Ridley Scott "fait de Moïse et des Juifs les bâtisseurs des pyramides, ce qui est en contradiction avec les faits historiques avérés", selon Gaber Asfour, qui a précisé que l'interdiction avait été recommandée par un comité composé notamment de deux professeurs d'Histoire.
Exodus a également été interdit de diffusion au Maroc parce qu’il "comporte des scènes personnifiant dieu par un enfant lors de l’épisode de la révélation faite au prophète Moise. Cette représentation est non-valable dans toutes les religions monothéistes."
Bande-annonce d'Exodus:
Le film dresse le portrait d'un Moïse agnostique au départ, élevé comme frère de lait du fils du pharaon puis rejeté lorsque sa véritable identité -fils d'Hébreux- est révélée. Il fuit dans le désert mais décide, après l'épisode du buisson ardent, de retrouver le peuple hébreu, alors esclave des Égyptiens, pour le guider vers la Terre promise.
Le péplum biblique en 3D, qui a coûté la bagatelle de 140 millions de dollars, a été "déprogrammé" à la dernière minute mercredi 24 décembre au Maroc.
Réalisme
Le film a fait polémique car il remettrait en question un miracle reconnu par les trois monothéismes, celui de la traversée de la Mer rouge par Moïse, qui divise les eaux à l'aide de son bâton pour permettre le passage des Juifs.
"Dans le film, Moïse tient une épée et non un bâton" et la division des eaux est expliquée par "le phénomène des marées," critique le chef du Conseil suprême pour la culture Mohamed Afifi, membre du comité ayant recommandé l'interdiction.
Le ministre de la Culture a précisé que les autorités n'ont pas demandé l'opinion d'Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite, qui peut être consulté avant l'autorisation d'une œuvre en Egypte mais n'a pas de pouvoir de décision.
Al-Azhar, qui s'oppose traditionnellement à la personnification de figures religieuses au cinéma, avait estimé en mars que la superproduction hollywoodienne "Noé" était contraire à l'islam car il mettait en scène la représentation d'un prophète.Ce film avait ensuite été banni des cinémas égyptiens, contre l'avis du ministère de la Culture.