Galactus Mar 13 Aoû 2013, 12:44
Critique d'écranlarge
Le premier Kick-Ass ayant fait forte impression en son temps, sa suite se devait d'enfoncer le clou un cran plus loin. Et les déclarations de Jim Carrey concernant la violence supposée du film ainsi que la disparition d'armes en arrière-plan d'une scène laissaient augurer du meilleur, à condition que ce ne soit pas uniquement de la promo.
Surprise, le film s'avère moins violent graphiquement que le précédent. Alors certes, Kick-Ass 2 se paye le luxe d'aller assez loin lors de certaines scènes (les pétasses BCBG du film s'en souviendront longtemps), Hit Girl parle toujours comme un charretier, Red Mist / Motherfucker se perd progressivement dans l'univers SM matriarcal, on nage en plein délire vulgo-scato mais au final nous n'avons pas un déluge gore comparable à l'assaut final du premier film, et c'est d'autant plus dommage que la grosse baston de cette séquelle laissait présager du meilleur.
Film très conscient de ce qu'il est, Kick-Ass 2 aborde frontalement le passage obligé de toute saga de super-héros : la remise en question de son identité, les conséquences de ses actes et le besoin d'intégration. En faisant de sa Justice League un ramassis d'humains paumés, brisés par la vie et se réfugiant derrière le masque pour supporter leurs blessures, le film fait le bon choix et laisse apparaître un versant extrêmement sombre qui n'est malheureusement jamais totalement exploité. Et c'est bien le principal reproche que l'on pourrait faire au film : il ne va pas jusqu'au bout, ni dans la forme, ni dans le fond. Pourtant l'arrivée du personnage de Jim Carrey dans l'histoire pose toutes les bases pour que les héros se perdent dans leur cause et beaucoup d'indices (les baises dans des chiottes de plus en plus glauques, l'ambivalence extrême du « Colonel Stars and Stripes », la jouissance quasi malsaine de Kick-Ass lorsqu'il est intégré au groupe) annoncent un dérapage qui n'arrivera jamais. Il n'empêche que la première partie du film est passionnante avec un développement inattendu de ses personnages, initiative qui se dilue malheureusement dans une seconde partie plus prévisible et moins enlevée.
Les acteurs sont toujours aussi bons et il faudra bien qu'un jour on érige une statue à Christopher Mintz-Plasse qui fait, une fois de plus, preuve d'un talent comique époustouflant. Chloë Grace Moretz est à nouveau excellente et confirme qu'elle est l'une des grandes révélations féminines de ces dernières années. Jim Carrey, quant à lui, surprend en composant un personnage mystérieux, intriguant, charismatique mais qu'on ne découvre jamais totalement. Un petit regret. Aaron Taylor-Johnson assure bien dans son rôle de benêt qui s'endurcit peu à peu. Mention spéciale aux seconds rôles, brillants, drôles, badass comme il faut et nous garderons une pensée émue pour Mother Russia pendant un petit moment, véritable Ivan Drago au féminin. Dommage par contre que la mise en scène ne tienne pas la route dans les scènes d'action, privilégiant le mouvement plutôt que la lisibilité, elle annihile tout le potentiel des combats et autres poursuites.
Au final, ce Kick-Ass 2 restet une agréable surprise. Très drôle, volontiers choquant pour certains, il se pose en version gentiment punk du film de super-héros et on passe un bon moment. A tel point qu'on attend le troisième épisode, même si en l'état cette saga n'égale toujours pas l'incroyable Super de James Gunn.