Le 18 septembre 2017
Dire que le Dune de David Lynch est un gâchis relève de l’euphémisme. Privé d’une partie de son budget, plombé par des effets spéciaux déjà datés avant même sa sortie en salle, ce qui devait être une trilogie s’est vue finalement réduite à ‘seulement’ 120 minutes sur grand écran. Pourtant, le projet avait de quoi faire date dans l’histoire du 7e art. Le visionnaire Alejandro Jodorowsky à la réalisation, Giraud et Giger (concepteur de l’Alien de Ridley Scott), la musique de Pink Floyd, Mick Jagger, Orson Welles dans le rôle de l’horrible Baron Harkonnen, Salavor Dali et même cette bonne vieille Amanda Lear !
Bref, le film comportait un casting parfait et audacieux pour l’adaptation du monument de Frank Herbert, un fantasme qui allait devenir réalité pour tout fan de SF digne de ce nom. Sauf que finalement, les studios ne feront jamais confiance à Jodorowsky, pas assez ‘grand public’ pour une œuvre de cette ampleur financière. L’histoire de ce projet avorté sera ensuite relatée dans le superbe Jodorowsky's Dune.
Le bébé est donc récupéré par David Lynch, pourtant peu intéressé par l’univers de la SF, et s’occupe également du scénario, ce qui lui permettra d’inclure des thématiques et concepts philosophiques qui lui sont propres. Le premier montage dure environ 4h, une autre version le réduit à 3h. Sauf que les producteurs veulent pousser le potentiel commercial du film et beaucoup de scènes sont coupées pour finir narrées en voix off… Pour finir dans une version cinéma de deux heures. Le réalisateur reniera la version télévisuelle, se créditant au générique du pseudonyme Aman Smithee (le nom habituel pour les réalisateurs mécontents de leur film).
Plus de trente ans plus tard, le réalisateur Denis Villeneuve, après avoir donné un nouveau souffle en signant la suite du Blade Runner de Ridley Scott, avec son Blade Runner 2049 , tentera de mettre en image le fameux Dune.
Et peu dire qu’il n'est pas particulièrement fan de la version de David Lynch :
« Ce n’était pas le film que j’avais imaginé. Je tenterais de mettre en image ce que j’avais imaginé quand je lisais les lignes de Frank Herbert, ce que je voyais, ce que j’imaginais. Ce ne sera pas un remake ou un reboot mais seulement une adaptation du roman. »
Une vision intéressante, car on s’en souvient, Lynch avait pris certaines libertés avec l’œuvre. Un projet qui s’annonce palpitant donc, tant le film est d’une densité aussi bien narrative que visuelle qui laisse libre court à l’interprétation de chacun. Peu de chance que, contrairement à Blade Runner avec Ridley Scott, Villeneuve s’inspire du travail de Lynch pour son Dune.
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