[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Kirk Douglas, l’une des dernières légendes d’Hollywood est centenaire. A l'occasion de son anniversaire (le 9 décembre), Yanou Collart, une amie de la famille, nous fait entrer dans son intimité, nous raconte les rapports avec son fils Michael Douglas, et son incroyable histoire d'amour avec Anne, sa femme depuis 62 ans.
Yanou Collart qui a fait carrière dans les relations publiques internationales et s'est occupée, notamment, de celles de Michael Douglas, est une amie de la famille depuis près de 50 ans…
"Quand j’ai réalisé que, le 9 décembre, Kirk allait avoir cent ans, j’ai envoyé un mail à tous les amis pour leur suggérer de lui
écrire une petite carte postale. Kathleen Turner, Angela Bassett, Jack Nicholson, Stallone, Goldie Hawn… tout le monde a trouvé l’idée formidable et s’est engagé à le faire. Michael, lui, a organisé pour son père une grande fête, au Beverly Hills Hôtel.
Le tout-Hollywood était de la partie ! Je n'ai pu m’y rendre, mais j'ai fait livrer à Kirk, à la première heure, chez lui, une bouteille de champagne, comme je l’ai fait si souvent par le passé. C’est un geste devenu symbolique entre nous, ce sont les bulles de l’amitié.
J’ai rencontré Kirk Douglas la première fois à la fin des années soixante. C’était à Los Angeles, au cours d’un dîner chez Danny Kaye. Danny était acteur, danseur, chanteur, mais il était aussi le plus grand expert de cuisine chinoise du monde ! Cet homme savait tout faire et, chaque année, pendant vingt ans, il est allé aiguiser ses talents de chef à Hongkong. Le dimanche donc, c’était toujours table ouverte chez Danny. C’est comme ça qu’un beau jour j’ai vu débarquer Kirk, la légende. C’était un très bel homme avec un humour sarcastique irrésistible, qu’il tenait, je pense, de ses origines biélorusses.
Séducteur, bien sûr, mais très amoureux d’Anne (sa seconde épouse rencontrée en 1953 au Festival de Cannes, où elle était hôtesse, ndlr) et avec laquelle je me suis immédiatement bien entendue, d’autant qu’elle venait de Belgique, comme moi.
Kirk avait déjà deux fils de son premier mariage – dont Michael – et en aura deux avec Anne. Le plus jeune, Eric, toxicomane, se suicidera… Est-ce qu’il a été un bon père ? C’est difficile à dire. Quand je vois ce que sont devenus
les six enfants de Jerry Lewis, c’est une catastrophe, celui de Grégory Peck, pareil… Il n’est pas facile de trouver sa place à l’ombre d’un géant ! Michael y est parvenu. Mais cela n’a pas toujours été simple entre Kirk et lui. Je me souviens notamment d’une soirée à Paris. C’était en 1984 ou 1985, juste après le succès d’
A la poursuite du diamant vert. Michael m’appelle : « Yanou, je suis à Paris, papa aussi, et j’aimerais que tu organises un dîner car j’ai quelque chose d’important à lui dire. » Comme je m’occupais des relations de presse de chez Castel, je réserve une salle à manger privée pour une vingtaine de personnes. Le dîner est formidable. Juste avant le dessert, Michael se lève pour parler. Tout le monde se tait et il lance :
« Papa, j’ai une grande nouvelle, je peux t’annoncer qu’à partir de maintenant, j’ai déjà gagné plus d’argent que toi dans toute ta carrière ! » J’ai senti soudain le sol se dérober sous mes pieds. C’était d’une telle violence ! Anne a voulu se lever, Kirk l’a aussitôt retenue. Par chance, à ce moment-là est arrivée la pièce montée avec des fontaines d’artifice que j’avais commandée.
En psychanalyse, on dit qu’il faut tuer le père pour se construire, c’était le cas, je pense. Une dizaine d’années plus tôt, il y avait d’ailleurs déjà eu une rivalité entre eux. Kirk avait acheté les droits de
Vol au-dessus d’un nid de coucou mais n’avait pas pu réunir les fonds nécessaires pour le tournage. Michael a repris le projet, réussi à convaincre Jack Nicholson et, finalement, c’est lui qui, en 1975, a sorti le film.
Tout cela appartient maintenant au passé.
Michael et Kirk sont désormais très proches, solidaires. D’autant que la mort a bien failli les séparer… Kirk est en effet un survivant !
Il a d’abord eu, en 1986, un accident d’hélicoptère dont il est le seul à avoir survécu. Je me souviens qu’il en est sorti cassé, traumatisé.
Puis, dix ans plus tard, il a fait cet AVC qu’on a cru fatal. Les médecins le donnaient pour mort. Il s’est pourtant relevé mais, pendant un an, il n’a pas pu parler – il a d’ailleurs gardé des problèmes d’élocution –, et a fait une très grave dépression. Là encore, il a trouvé la force de se relever.
Kirk est un Phénix ! Et je pense qu’Anne, sa femme, n’y est pas étrangère. Elle qui a toujours été très en retrait, qui l’a toujours admiré – et encore davantage après toutes ces épreuves –, a, au fil des ans, pris une place fondamentale.
Pour lui, elle s’est convertie au judaïsme. Pour elle, il a appris le français au point d’être pratiquement bilingue…
A quatre-vingt-dix-sept ans, la discrète Anne fait toujours partie des dix femmes les mieux habillées du monde, et ce depuis 1970. Elle a su faire de leur villa de Beverly Hills, un endroit cosy, de goût, à des années-lumière d’un clinquant à la Trump. Elle est essentielle à Kirk.
Et leur histoire d’amour dure depuis… soixante-deux ans ! C’est peut-être mon côté féministe, mais je pense que c’est elle le secret de la longévité de Kirk ! Ne dit-on pas qu’il y a toujours une femme derrière un grand homme ? »